Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Europe et International - Alpha Blog - Actualité, Articles et Analyses
6 avril 2009

Bulle papale ! 25 Mars 2009




pape



« Je dirais qu’on ne peut pas vaincre ce problème du sida uniquement avec de l’argent, qui est nécessaire. S’il n’y a pas l’âme, si les Africains ne s’aident pas, on ne peut le résoudre en distribuant des préservatifs. Au contraire, ils augmentent le problème. » C'est à l'occasion d'une première visite sur le continent africain que Benoît XVI a prononcé ces quelques mots. A peine avait-il posé son Très Saint-Pied sur le sol camerounais qu'une vive polémique débutait.

" Message de mort." Aujourd'hui, on ne compte plus le nombre d'organisations qui ont exprimé leur profonde indignation. De nombreuses personnalités s'y sont associées, certaines allant jusqu'à émettre des doutes sur l'action de l'évêque de Rome : "Ce pape commence à poser un vrai problème" déclarait ainsi Alain Juppé sur les ondes de France Culture. Mais, relevons, surtout, la rare (vis-à vis du Vatican) mais très officielle réaction de la France par la voix du ministère des Affaires Etrangères : "La France exprime sa très vive inquiétude devant la conséquence de ces propos". Ne pas réagir alors que Carla Bruni-Sarkozy est devenue ambassadrice mondiale pour la protection des mères et des enfants contre le sida aurait été, sans aucun doute, du plus mauvais effet.

La vérité, rien que la vérité, toute la vérité. Le temps ayant toujours raison de la passion, penchons-nous, à nouveau, sur ces propos et tentons de comprendre pourquoi ils ont suscité un tel tollé médiatique. J'attache une très grande importance à la responsabilité morale qui incombe aux journalistes. Hélas, très souvent, il est reproché à cette profession d'arranger les mots, de les sortir de leur contexte ou d'omettre d'en citer d'autres qui nuanceraient finalement les propos initiaux. Ainsi, il aurait été tout aussi légitime de préciser que le pape, lors de son discours d'arrivée à Yaoundé, avait souhaité que " les malades du sida puissent recevoir dans ce pays un traitement gratuit." (Lire le discours dans son intégralité). Rares ont été les médias qui s'en sont fait l'écho.

Rien de bien neuf. Bien évidemment, ce passage très politiquement correct sur la gratuité des soins n'enlève rien à la dureté des propos tenus sur l'efficacité des préservatifs. Nous nous en offusquons à bon escient mais notons qu'il n'y a malheureusement rien d'original dans ceux-ci. Déjà en 2005, Benoît XVI assurait, devant les évêques d'Afrique du Sud, que l'enseignement traditionnel de l'Eglise sur la chasteté et la fidélité dans le mariage "apporte la preuve qu'il est le seul moyen sûr de prévenir la diffusion du sida". A celles et à ceux qui regrettent le temps béni de Jean-Paul II, rappelons-leur que le 6 Février 1993, celui-ci n'hésitait pas à déclarer devant les jeunes de Kampala (Ouganda) que "le lien sexuel de la chasteté est l'unique manière sûre et vertueuse pour mettre fin à cette plaie tragique qu'est le sida". Nous l'avons peut être oublié mais le pape est peut être le seul gardien des grandes valeurs morales au monde. C'est ainsi ! Qui d'autre que lui se risquerait dans un discours aussi peu avant-gardiste ?

La goutte d'eau. Au delà de ces terribles mots, il faut peut-être chercher dans l'accumulation d'erreurs, les raisons de cette condamnation mondiale : le retour du rite tridentin (autorisant les prêtres à célébrer la messe en latin) pourtant abandonné par le Concile Vatican II dans les années 1960, ses insinuations touchant la religion musulmane, la réintégration d'évêques intégristes dont certains flirtent avec le négationnisme, l'affaire de l'excommunication au Brésil... Ces événements participent, nul doute, à la défiance vis-à-vis du souverain pontife et expliquent le déchaînement des réactions. La condamnation explicite du préservatif a été la goutte d'eau qui a fait déborder le calice !
Oui, le Pape est quelque peu dans sa bulle. Alain Juppé, encore lui, parle "d'autisme". Malgré les propos récents de l'évêque d'Orléans, André Fort, des voix s'élèvent au sein de l'Eglise pour dire que le préservatif ne doit pas être mis à l'Index. C'est le cas notamment du Père Gilbert - le curé des loubards -  qui déclarait suite aux propos de Benoît XVI : "Son boulot est de dire 'Maîtrisez votre sexe' mais ça me surprend qu'il ne comprenne pas qu'actuellement, malheureusement la capote est nécessaire pour éviter la mort."

 


Réagissez à cet article

Publicité
Publicité
Commentaires
Europe et International - Alpha Blog - Actualité, Articles et Analyses
Publicité
Publicité